À l’écoute du réseau : la traque des fuites d’eau chez RDE 24

RDE 24 Chercheur de fuites

Dans un contexte où la préservation de l’eau devient une priorité, RDE 24 est engagé dans la lutte contre les pertes d’eau potable. Avec un réseau de 2 000 km de canalisations, l’enjeu est de taille. Depuis un an et demi, la régie déploie une stratégie qui ajoute les technologies au savoir-faire de terrain pour renforcer l’efficacité de la recherche de fuites.

Des oreilles dans les canalisations : la solution des pré-localisateurs

RDE 24 a installé 90 pré-localisateurs de fuites. Ces petits dispositifs, discrets mais efficaces, sont devenus des alliés précieux pour améliorer la réactivité des équipes et affiner la détection des anomalies.

Le principe ? Ecouter le bruit dans les canalisations car un bruit suspect peut être le signe d’une fuite d’eau. Les pré-localisateurs fonctionnent la nuit lorsque le réseau est silencieux. Placés dans les bouches à clé, au plus près des conduites, ils enregistrent et transmettent automatiquement chaque jour les sons captés.

Grâce à ces appareils, il est possible de sectoriser les zones à surveiller et d’identifier plus rapidement les secteurs potentiellement fuyards. Ils ne sont pas là pour remplacer l’agent en charge des recherches de fuite, Grégory Coudert, mais lui permettre d’intervenir plus vite et plus efficacement, sans avoir à couvrir l’ensemble du réseau à l’aveugle.

Pour le moment, les pré-localisateurs sont installés dans les centres bourgs, là où le maillage des réseaux est dense et les interventions plus complexes à planifier. Bien que leur coût soit élevé, leur précision et leur efficacité en font un investissement pertinent, notamment dans les zones à forte densité de population.

Un outil complémentaire

Aux côtés de la sectorisation et de la télérelève, les pré-localisateurs sont un outil supplémentaire afin d’optimiser la performance du réseau, réduire les volumes d’eau prélevés et suivre de près la production.

RDE 24 Chercheur de fuites

Grégory Coudert, l’expert de la recherche de fuite

Mais derrière les technologies, il y a les agents. Chez RDE 24, c’est Grégory Coudert l’expert de la recherche de fuites. Véritable « enquêteur de l’eau », il traque au quotidien les moindres pertes dans les réseaux d’eau potable. Un métier méconnu, mais essentiel.

Une vocation née derrière un bureau

Grégory a fait ses premiers pas dans le monde de l’eau en 2000. A l’époque, il travaillait au service administratif d’un délégataire privé. Le mot « rendement » était encore méconnu : l’essentiel était d’amener de l’eau à tous. Mais déjà, les questions de performance interpellaient Grégory.

Avec l’accord de son responsable de l’époque, il commence alors à chercher les fuites sur son temps libre, et se forme seul à force d’observation et d’écoute. Très vite, cette passion devient son métier à plein temps. En 2017, il rejoint RDE 24. Entre-temps, les enjeux de rendement sont devenus cruciaux et les collectivités en ont fait une priorité.

La performance du réseau RDE 24 repose en grande partie sur lui car Grégory trouve à lui seul entre 300 et 400 fuites par an.

Une matinée avec Grégory

Ce matin-là, la journée commence au bureau avec l’analyse des tableaux de sectorisation. Un débit nocturne anormalement élevé sur le secteur de Saint-Alvère alerte Grégory : 70 m³/heure s’évaporent quelque part.

Le secteur du syndicat des Deux Rivières vient récemment d’être intégré à RDE 24, et Grégory le découvre encore. Première mission sur le terrain : repérer une vanne et écouter le passage d’eau. À l’oreille, il distingue la présence de la fuite, mais aussi sa direction. Le travail méthodique commence : personne ne sait exactement où passe la canalisation car les plans sont anciens et imprécis.

Grégory commence par consulter d’anciennes images satellites. Parfois, on y devine une tranchée ou un chantier. Pas de chance aujourd’hui, aucune image n’est disponible. Place à la recherche. Détecteur de métaux en main, il commence par ratisser le terrain. Sans succès. Alors, bottes aux pieds, il part dans la forêt. Là, il observe les trouées dans la végétation, les arbres plus jeunes, indices subtils d’un ancien passage de pelleteuse. Il sonde le sol, écoute à l’aide d’un casque. Rien. Une heure. Une heure trente. Et puis, bingo. La conduite est trouvée.

Encore quelques pas, et le bruit de la fuite devient clair. Elle n’est pas visible, il s’agit d’une infiltration dans la terre. Grégory la marque d’un trait de peinture bleue. L’équipe travaux interviendra dans l’après-midi et le plan sera mis à jour.

Un métier de patience et de flair

Chercheur de fuites, c’est un métier d’enquêteur. Il est nécessaire d’être doté d’un sens logique, de persévérance et d’une oreille très fine. Quand les plans ne sont pas précis et les réseaux inconnus, Grégory s’en remet à son instinct, son flair et à ses outils.

Il parcourt chaque jour entre 12 et 13 km, souvent seul, en pleine nature. Travailler en autonomie, être dehors, marcher, chercher, comprendre : c’est ce qu’il aime.

L’anecdote qui en dit long

Un jour, après l’intégration d’un nouveau secteur, il découvre une fuite ancienne… si ancienne que les habitants la prenaient pour une mare. Ils l’avaient même décorée. En réalité, il s’agissait d’une perte continue d’eau potable depuis des années.